Campagne SAGA

Récit du moine Kanter, abbaye de Saint-Anno, sise sur les terres du duc de Normandie, suite à ses pérégrinations en terre angle.


An 880, sur la Terre du Milieu, connue aussi sous le nom de Terre des Angles, un peuple droit bien que parfois obtus, ces Angles… An 880 donc, en ces noirs Ages, le vent de la guerre souffle. Et il souffle violemment, genre une bonne grosse tempête de nuages noirs au Connemara, nuages qui viennent du Nord et colorent la terre, les lacs, les rivières… Bref, de lourds nuages annonciateurs de combat et de mort s’amoncellent au-dessus des vertes vallées irlandaises, des profonds bois du pays de Galles, des terres désolées du Nord, des riants pâturages anglois et du doux bocage normand.

Plusieurs princes avides de gloire se dressent, assoiffés de conquête et de bières. Pour la bière, ça devrait aller, ils ont tous des stocks considérables, encore que, ils sont capables d’aller en piquer chez le voisin. A défaut, le voisin aura bien du cidre ou tout autre boisson alcoolisée… ces princes rêvent de se constituer pas moins qu’un royaume avec, en passant et en prime, c’est le patron qui offre, la possibilité de coller une bonne raclée au voisin à grands coups de hache dans la gueule, ça mange pas de pain.

Venus du l’Est lointain et glacé, afin d’échapper à la dépression et à l’alcoolisme inhérent à leur cadre de vie, de solides gaillards blonds, moustachus mais surtout païens, je te leur collerai bien une croix là où je pense… lancent des razzias sur les paisibles côtés anglaises, pillant, tuant, ravageant mais se taillant parallèlement aussi bien de larges territoires dans les flancs des royaumes chrétien que des gros bouts de lard dans les femmes saxonnes, les bougresses sont larges des hanches faut dire aussi. Ces conquêtes se révèlent excellentes pour le moral de ces chiens d’inf… ces riants voyageurs, soignant ainsi leur dépression et leur évitant le saut du haut de la falaise du fjord, où, pire de se mettre à joueur une musique brutale et extrêmement bruyante bien loin des douces mélopées audibles dans nos cloîtres.  Par contre pour l’alcoolisme, là, c’est pas gagné…

Cela dit les fiers autochtones de Bretagne sont pas du genre à se laisser marcher sur les pieds sans répliquer. Ainsi, les cors de guerre résonnent et les fyrds se lèvent pour contrer la menace nordique en lui opposant un solide mur de boucliers. Et en plus, ces brebis de Dieu ont leur foi comme bouclier. Le premier qui fait une remarque désobligeante en mettant dans la même phrase bouclier de la foi et hache dans la gueule aura de mes nouvelles. Ce sont d’ailleurs certainement les mêmes, à l’esprit mal placé, qui pensent que ce n’est qu’une tactique de chochotes à la sexualité douteuse. Quand on sait que ces propos sont parfois tenus pas des Jomsvikings, on se gausse… Au final, Les Angles, présents à tous les coins d’Albion, s’en tapent le coquillard, c’est peut-être pas très offensif mais ça renvoie l’adversaire dans ses 22 et c’est bien là l’essentiel…

Au Nord et à l’Ouest, vivent des peuples socialement, capillairement et visuellement  défavorisés, bien que chrétiens… Ces semi-sauvages, Gallois, Irlandais et autres Scots, aux cheveux couleurs carotte trop cuite sont obligés de se nourrir de trèfle ou d’abats d’animaux. Animaux qu’ils leur arrivent d’ailleurs parfois de confondre avec leurs femmes, il est vrai à leur décharge les odeurs des unes étant relativement proches des autres. En sus, il faut rajouter à cela pour les dégénérés descendants des Pictes la contestable habitude à se trimballer en jupe afin de montrer à ceux qui le souhaitent, ou pas d’ailleurs, leurs attributs virils… Ces peuples mal dégrossis restent farouchement indépendants et ont la fâcheuse tendance de catapulter à quiconque s’aventure sur leurs domaines une multitude de traits. Et cela sans compter qu’ils ne dénigrent pas de temps à autre utiliser des animaux, plus précisement des poneys – des poneys ! Non, mais franchement, et après ça la ramène en se qualifiant de fiers guerriers… -  et des chiens qui ont le désavantage de ne pas se laisser facilement ni monter, dans quel que sens littéral que ce soit, ni manger, contrairement aux moutons mais ont le privilège d’avoir des dents. Longues. Coupantes. Et nombreuses. Ce qui aussi le cas de certains de leurs enfants, la longueur en moins.

Enfin, au Sud, se dressent les fiers Normands. Vraisemblablement le peuple le plus évolué comme en atteste l’utilisation massive de chevaux et la présence d’un seigneur capable de tenir une conversation comprenant des mots de plus trois syllabes. En plus d’être de bons Chrétiens, ils mangent équilibré, et notamment cinq fruits par jour, des pommes surtout, boivent modérément, le cidre comptant un degré d’alcool fort peu élevé. Ce mode de vie leur vaut les injustes et mensongers quolibets des autres peuplades qui les traitent de, je cite « lopettes », « Fot-en-cul » et autres « couillons ». Et combat pourtant, ils ne redoutent personne.

Nul ne se souvient de pourquoi a débuté la guerre. Une vague et très ancienne rivalité entre Scots et Danois à propos de, semble-t-il, un troupeau d’ovins… quoiqu’il en fût, et pas seulement de bière, un fier Seigneur Anglo-Danois, bien qu’un poil belliqueux, du nom d’Erik Stonekiroll, prit la tête de son ost, le printemps venu. Il avait pour but d’expliquer à un Seigneur scot, Duncan Mac Intosh, réputé pourtant plutôt bonne pomme mais aussi il est vrai un peu bas du front, sa façon de voir les choses en lui cognant la tête assez longuement contre la porte de sa propre demeure.

Stonekiroll porta donc la guerre en terre scot. La marave fut bien sanglante, on s’étripa consciencieusement mais le tout se solda par, disons-le, uns sorte de match nul.  Les Anglo-Danois ne parvinrent pas à s’emparer du village scot (d’un autre côté pour récupérer une terre à peine arable, pleine de tourbe et de pierres…), ces derniers préservant leur honneur, celui de leurs femmes et leurs moutons, élément absolument nécessaire à la préparation de leur plat national, de la panse de brebis farcie, qui explique pourquoi ils boivent autant à table et en dit long par ailleurs sur leur niveau de développement et leur goût culinaire. Encore que, pour ce dernier point, un certain Mac Donald semble vouloir améliorer leur pitance quotidienne. Bref, les Anglo-Danois furent repoussés mais les Scots durent payer un bien lourd tribu. Mac Intosh, usé jusqu’au trognon par les combats, fut pris à partie par un groupe de solides guerriers danois qui le transformèrent à une vague réplique de hérisson. Le pauvre homme ne passa pas pour autant de vie à trépas – les guerriers anglo-danois ont quelques problèmes de coordination les empêchant de bien viser en utilisant leurs lances… après une période dans les limbes, le chef scot se réveilla dans un état proche mais pire de celui du lendemain de sa nuit de noces, un membre en moins, son bras gauche. Fort heureusement, le garçon étant ambidextre, il pourra continuer à uriner seul.